mardi 20 mai 2008

Citation urbaine

Entendu sur la terrasse d'un bar :
"Je vais pas le sauver parce que c'est pas ma vie"

jeudi 15 mai 2008

Les fous du métro

Nuit. Jour. Quelle différence lorsque l'on est dans le métro. Il n'y a ni soleil ni pluie, ni blanche clarté de lune ni ténèbres, juste ces lumières blafardes à intervalle régulier. En hiver, je ne vois pas la lumière du jour durant mon trajet. Je pars dans la nuit, traverse les stations de métro dans cette blancheur aseptisée, puis la banlieue dans la noirceur du petit matin. Le soir la lune est déjà levée, peut-être, de derrière les nuages elle me regarde, essaie de m'atteindre, mais non, impossible, je me cache sous les abris, dans mon rer, dans mes stations, dans mes rames. Une longue nuit de plusieurs mois. Le seul repère temporel est la population qui hante ces couloirs. Avant 20h, ils sont bondés de travailleurs rentrant chez eux, ou des vagabonds vagabondant à la recherche d'une petite pièce ou deux, avec leurs discours rodés "messieurs-dames, excusez-moi de vous déranger, avec tout le respect que je vous dois, mais si je me permets de vous interrompre durant votre voyage, c'est que je suis à la rue sans aucune ressource, même pas le RMI..." - à non en fait ce sont des travailleurs du soir, des commerciaux de la misère. Passées 20h, ce sont les jeunes cadres dynamique "nan mais t'as vu comment il m'a parlé ? Ca y est, depuis qu'il est passé responsable il s'y croit trop" ou des lycéens "putain l'aut' fois j'étais bourré !" qui s'en vont décompresser de leur journée dans un bar ou trois autres. C'est bien. Passées 20h se donnent aussi rendez-vous tous les gens bourrés de tics et les fous urbains. Petite visite guidée : asseyez-vous sur ce carré de quatre sièges vides, là, et observez sur votre gauche cet individu. Oui, il parle seul en roulant sa cigarette. Ses lèvres remuent au rythme des néons des couloirs du métro, ses yeux fixant tout ce qui passe et qui n'est pas un mur gris. Retournez-vous et regardez au fond, cette vieille dame noire, tellement ridée qu'elle devrait déjà être morte trois fois. Elle tape dans la double-porte du poing tout en l'insultant dans un dialecte inconnu et martelant le sol de lourds coups de pied. On m'a dit un jour qu'elle exorcisait les métros. Véridique. Vous arrivez station Strasbourg Saint-Denis et un garçon de pas plus de douze ans entre avec une énorme enceinte montée sur un diable, lance une musique latino et se met à danser tout en montrant son torse encore imberbe à de vieilles dames et en se léchant les lèvres d'un air coquin. Ecoeurant. Comment peut-on faire cela à cet âge. Vous changez de rame de métro, et là "... si je fais la mendicité, c'est que je ..." vous vous dites que finalement vous allez rentrer chez vous. Sur le quai, une armée d'alcoolique. Sur le quai d'en face, la même armée. Vous savez que les heures de minuit jusqu'aux derniers métros vont accueillir les mêmes personnes que vous avez vues à l'allée, alourdies de quelques grammes d'alcool dans leur sang. Vous allez les éviter en rentrant plus tôt.

Mon trajet (partie 1)

Je ferme la porte de mon appartement, à cet instant débute mon trajet.

Sans prendre la peine d'allumer les lampes de l'escalier qui me mènera à la sortie de l'immeuble, dont je connais maintenant les marches tant arpentés, je descend jusqu'au hall.

Sitôt la porte de celui-ci ouverte, la lumière du jour pénètre mes rétines, me laissant ébloui pour quelques instants. J'arpente alors quelques mètres de banales dalles beiges sans jamais omettre de m'observer dans le miroir adossé au mur droit.

Machinalement, j'appuie alors sur le bouton d'ouverture de la porte vitrée qui me fait face, ultime barrière avant l'extérieur.

Il ne me reste qu'à traverser la modeste allée qui s'étend sous mes yeux à peine ouvert, entre les jardins grillagés des habitants du rez-de-chaussée, jusqu'au portique de la résidence.

Je me retrouve alors sur le trottoir de la rue encombrée de dizaines de voiture, gisant de parts et autre.

Parfois un chat, ou un autre piéton, vient rompre la monotonie de ce décor matinal encore embrumé dans la quiétude de la nuit écoulée, mais, bien souvent, mes premiers pas se font solitaire, du moins jusqu'au bar PMU du quartier. Ce dernier domine les environs du coin de sa rue, tel un fort en haut d'une colline, et il est invariablement empli de son contingent de poivrots déjà rougis par alcoolisées boissons. Au passage de cette étape, je sens le poids des regards observant ma démarche, comme un train que suivrait du regard quelques dizaines de vaches. Ne m'attardant pas en ces lieux, ni ne cherchant à savoir quelles idées germent dans ces esprits abîmés, je poursuis ma route qui n'est qu'à peine commencée.

Sur le bitume, je rejoins bientôt la cohorte d' individus pressés qui à chaque carrefour se remplie, attardant parfois mon regard sur une anatomie...

La suite plus tard...

Paris - Ermont

Lundi. Très exactement 7h du matin. Mon premier réveil sonne, je l'éteins d'un revers de la main et me rendors, à peine troublé dans mon sommeil. 7h10. Mon second réveil programmé sur mon mobile sonne à son tour. J'appuie machinalement sur n'importe quelle touche et la sonnerie se stoppe. Trente minutes plus tard et me voilà sur le trottoir, lavé et à peine sorti de la brume de ma nuit. Je descends sur ma gauche, prends la rue sur ma droite, dépasse le café et la boulangerie - pas le temps de prendre de quoi petit-déjeuner - puis la première à gauche, et la station de métro Marcadet-Poissonnier apparaît devant moi. Après une volée d'escaliers décorée de chewing-gums soudés aux marches par le temps, un tourniquet, et une seconde volée d'escaliers, me voilà sur le quai. Une rame gris sale et vert délavé arrive, il est 7h46, j'ai encore quinze minutes. Je me suis placé aux deux-tiers du quai afin d'arriver directement devant la sortie principale de la station Gare du Nord. Tous les gens vont s'y engouffrer en même temps mais je serai devant eux, bien loin de leurs bousculades, occupé à marcher d'un pas rapide vers mon train de banlieue. Je pénètre mon wagon et reste debout, accroché à ma barre métallique et froide, bien décidé à ne la lâcher sous aucun prétexte, qu'importe le nombre de gens qui rentreront les deux stations suivantes. Le métro démarre. Le temps d'arriver à Château-Rouge - une bonne minute -, j'ai le temps d'allumer mon lecteur MP3, de mettre sur mes oreilles mon énorme casque aux basses surboostées, de choisir l'album Undertow de Tool, de régler les basses à fond et de diminuer les aigus, et de remettre mon appareil dans sa protection en cuir, puis dans ma poche. Château-Rouge. Les portes s'ouvrent, personne ne sort mais une dizaine de personnes rentrent, tous se rendent au turbin ou à l'école. Le métro redémarre, il est 7h48, j'ai encore treize minutes. Dans le silence de ma musique, je regarde d'un cerveau vide les conduits électriques sinuer le long des murs du tunnel et les lumières ponctuer mon trajet toutes les secondes. Je me demande pourquoi il y a parfois une lumière et d'autres fois deux, et oublie instantanément ma question. Barbès-Rochechoir. Cinq personnes sortent, quatre fois davantage entrent, j'affirme ma poignée sur ma barre de métal. Les portes se ferment, il est 7h49, j'ai encore douze minutes. Encore un tunnel, un peu plus long que les deux autres cette fois-ci. Je me mets tant bien que mal en place devant les portes, ignorant volontairement les gémissements agacés des personnes que je bouscule, prends la poignée de sortie en main, près à dégainer, et attends. Gare du Nord. La rame n'est pas encore immobilisée que j'actionne la poignée et sort. Comme prévu, la masse agglutinée de gens se rue derrière moi mais je suis plus rapide. Il est 7h51 passée, j'ai encore neuf minutes et demi environ, ma première chanson de quatre minutes et cinquante trois secondes se termine alors que j'aborde le couloir suivant la volée d'escaliers que je viens de descendre. J'esquive instinctivement les gens qui arrivent en face en de grands pas obliques, prends les escalators, et continue du même pas mon chemin. Je passe un magasin de vêtements, une sorte de boutique sncf, le marchand de saucissons - mais qu'est-ce qu'il fout dans un endroit pareil ? -, les tourniquets, et m'engage sur les escalators qui m'emmènent aux trains de banlieue. Voie 36. Train annoncé : semi-direct en direction d'Ermont à 8h01, les stations desservies sont Saint-Denis, Villetanneuse, La Barre-Ormesson, Enghien-les-Bains, et Ermont-Eaubonne, nul besoin de regarder, je le sais. Il arrivera treize minutes plus tard. La seconde piste de mon album prend fin, il me reste cinq minutes, le temps de m'asseoir dans le quatrième wagon, celui qui s'arrêtera face à la sortie de la gare d'Ermont-Eaubonne. Je trouve une place côté fenêtre, tire ma capuche sur ma tête, m'accoude sur ma droite, et ferme les yeux. Cinq minutes et sept secondes pour le troisième titre, la sonnerie retentit et quelques instants plus tard je sens le train démarrer lentement. Accélération, nous venons donc de dépasser le quai. Le trajet menant au premier arrêt est le plus long, environ six minutes. Je sens le sol trembler sous mes pieds et m'assoupis. Les idées traversent ma tête dans un chaos dont le fil directeur est celui de la quatrième chanson de mon album, sept minutes quatorze. A son apogée, nous arrivons en gare de Seine Saint-Denis, lorsqu'elle se conclura, nous la quitterons, entretemps rien que moi et ma musique. Je n'entends rien de ce qu'il se passe alentour, je sens toutefois une présence à ma gauche, légère, elle ne me frôle pas, elle ne bouge pas. J'imagine une jeune femme en tailleur gris se rendant sur son lieu de travail, absorbée par ses affaires de la journée. J'imagine un étudiant imberbe avec des lunettes en retard pour ses cours de faculté de droits, fatigué d'avance des trois amphithéâtres qu'il s'en va suivre, pressé de rentrer chez lui s'avachir devant la télévision de son salon. J'imagine un gars au visage encapuchonné, des écouteurs vissés dans les oreilles, regardant devant lui d'un œil hagard, puis les fermant et s'endormant sur sa droite, sur mon épaule. Je m'imagine. Un arrêt, Seine Saint-Denis, sensation de pas, sensation de portes qui se ferment, sensation que le train avance à nouveau, ma piste se termine, la suite s'ensuit, c'est reparti pour cinq minutes trente-deux, le temps de passer Villetanneuse. Je ne pense plus à rien mais suis conscient de l'accélération, puis la vitesse de pointe prend le relais, puis décélération, arrêt, redémarrage, accélération, vitesse de pointe, chanson suivante, et ainsi de suite. Je ne suis même plus conscient et pourtant lorsque j'ouvre les yeux j'arrive en gare d'Ermont-Eaubonne. J'ai zappé une chanson... Je m'extirpe de mon siège déformé par mon poids de treize minutes, retire ma capuche pour laisser mes longs cheveux respirer et me place devant la porte, actionnant déjà la poignée. L'air s'engouffre finalement, et je descends, directement devant les escaliers des voies 4 et 5. Il est 8h13.
Lundi. Je regarde mon mobile : il est très exactement 17h33 et je suis sur la voie 6.. A ce moment de la journée, il y a des trains toutes les six minutes environ, le prochain est un semi-direct en direction de Gare du Nord. Mêmes stations qu'à l'aller. Je mets mes écouteurs sur les oreilles. Un jour d'existence de plus.

mercredi 14 mai 2008

Intro (à lire SVP !!)

Comme au lycée, dans un premier temps, on pose le sujet.

Avis aux écrivains en herbe qui n'ont pas spécialement étudié les rythmes dans une phrase, les figures de style, les rimes croisées...
Avis aux photographes improvisés qui ne savent pas spécialement ce que c'est que le temps d'ouverture, le diaphragme ou la profondeur de champs...
Avis à tous ces gens qui aiment faire des choses juste pour les faire, non qu'ils y soient spécialement doués (et si c'est le cas, tant mieux pour eux !), mais juste parce que faire, c'est déjà bien.
Créer.
Essayer.
Improviser.
Et puis des fois laisser tomber.
Oublier.
A peine une trace sur une feuille volante, un bloc note empoussiéré par le temps, un journal enfermé dans une malle.
Et une idée s'enfuit, se meurt lentement.
Et le monde des idées s'en appauvrit.


Donc à tous ceux qui veulent s'exprimer, ce blog est ouvert et là pour ça. Vous pouvez commenter, et si vous voulez poster aussi, demandez moi, je vous donnerez les droits avec plaisir (c'est même le but de ce blog, à terme !!).